Généalogie : Suite de l’aventure des cousinades entre Seychellois et Réunionnais

Généalogie : Suite de l’aventure des cousinades entre Seychellois et Réunionnais

26-October-2016




« Une créolité avec une identité commune qui se confirme »

Le Ministre du Tourisme et de la Culture, Alain Saint-Ange et les cousins réunionnais (photo Vanessa Lucas)
Après le week-end à La Digue, les cousins-cousines seychellois et réunionnais, la Confrérie des Gens de la Mer et l’équipe du cercle généalogique de Bourbon et l’équipe de Seychelles Broadcasting Corporation (SBC), se sont retrouvés, ce lundi, au Centre International de Conférences des Seychelles (ICCS), à Victoria, pour le vernissage de l’exposition « Ile de la Réunion – Iles Seychelles, une histoire de Frères et de mer » et pour échanger lors de la conférence « Réunionnais et Seychellois : Cousins-Cousines ».
Qui de mieux que de jeunes étudiants, des professeurs d’histoire, des Seychellois curieux de leurs origines, pour découvrir cette exposition ? Celle-ci a été inaugurée par le Ministre du Tourisme et de la Culture, Alain Saint-Ange et Lionel Majesté-Larrouy, l’ambassadeur de France aux Seychelles, en présence de la déléguée à la coopération régionale océan Indien de la Région Réunion, Faouzia Vitry, de la secrétaire générale du département de la culture des Seychelles, Benjamine Rose et de Nathalie Didon, la directrice adjointe au conseil national du tourisme des Seychelles.
Deux peuples, des femmes et des hommes qui se parlent et qui rencontrent leur identité créole commune, voilà l’ambition du projet culturel de ces cousinades entre Seychellois et Réunionnais.
« Nos deux états se parlaient déjà au niveau du commerce, du tourisme et de la coopération régionale dans divers domaines. Nous sommes passés du stade de concept à la concrétisation où les peuples sont plus impliqués. Avec le président de la Région Réunion, Didier Robert, nous réfléchissions à comment rassembler ces familles ? Je suis ravi de voir cet effort matérialisé » a indiqué le ministre Alain Saint-Ange. Il a grandement insisté sur l’importance du développement du tourisme familial entre les îles respectives. Lors de son discours, il a précisé qu’une association allait voir le jour à l’issue de ces rencontres pour continuer à écrire l’histoire qui relie la Réunion et Les Seychelles.
D’ailleurs, l’historienne, Jehanne-Emmanuelle Monnier, a déjà écrit le livre : « Ile de la Réunion-Iles Seychelles – Une histoire de Frères et de mer » en ce sens. Elle a ouvert la conférence en expliquant la genèse du projet de ce rapprochement des peuples créoles par leur patrimoine. Celui-ci a démarré en 2011 avec la Confrérie des Gens de la Mer. L’objectif était de tracer l’immigration à double sens entre La Réunion et Les Seychelles. Après des recherches aux archives départementales de la Réunion et aux archives nationales des Seychelles, puis une enquête de terrain en 2012 pour recenser des pierres tombales entre Mahé, La Digue et Praslin, la restitution des recherches a été faite, au public réunionnais lors de la journée européenne du patrimoine en 2013, au travers de son ouvrage.
Pour compléter ces travaux de recherches, le cercle généalogique de Bourbon (CGB), s’est également lancé dans ce projet de cousinades en étudiant les noms de famille à forte consonance réunionnaise, comme Choppy, Payet ou encore Hoareau, selon les propos de Guy Marion, le président de CGB.
De même, pour établir ce lien ilien, l’historien et chercheur seychellois, Tony Mathiot, a quant à lui abordé le peuplement de La Digue depuis 1798, date d’arrivée des premiers « déportés » réunionnais aux Seychelles. En cette période, après la révolution française, ce sont surtout des réunionnais exilés, mécontents des changements à La Réunion. A l’origine, ces 21 premiers habitants, devaient faire route jusqu’en Inde. Sauf que le capitaine Loiseau, à la demande de ceux-ci, accepta de laisser à quai « La Laurette » à Mahé le 8 juin 1798. Puis, ils sont envoyés par le chevalier de Quincy, administrateur des Seychelles à cette époque, à La Digue, alors inhabitée.
Ainsi, le peuplement de La Digue, par des Réunionnais, est fortement relié à la présence française aux Seychelles. Cette thématique a été présentée par Richard Touboul, historien et attaché culturel au département de la culture des Seychelles. Et la diplomatie française d’aujourd’hui, représentée par Lionel Majesté-Larrouy, a souligné toute l’importance des racines ancestrales françaises du peuplement et de la toponymie des Seychelles, dans cette grande aventure humaine de cœur et de sang entre La Réunion et Les Seychelles.
Comment ne pas parler de créolité en abordant le peuplement des Seychelles et ces liens de cousinades ? Les Seychellois et les Réunionnais ont cette identité créole commune. A cet effet, Mohamed Kanté, professeur de français à SALS (School of Advanced Level Studies), a fait une intervention et une analyse aiguisée des concepts de créolité et d’identité. Pour sa part, l’identité dans la créolité est un mélange en mouvement. Il ajoute, que c’est tantôt un point de départ, d’un abîme, tantôt rejeté, tantôt un dépassement. « La créolité est une totalité d’un monde difracté, mais recomposé », a-t-il conclu.
Pour clôre la conférence, Rosie Morel, Lorette de Commarmond, Colleen Laporte, Juliette Pierre, Elna Paul, Georgette Larue et Guy Hoareau ont été les premiers à se présenter pour gagner leur arbre généalogique. Celui-ci sera établi par les Archives Nationales des Seychelles, grâce à la grande collaboration d’Alain Lucas et de la généalogiste, Mme Léon, lors de ces cousinades. Bien entendu, ils découvriront, aussi, leurs liens avec leurs cousins réunionnais. Le prochain rendez-vous, au sujet de ces premières rencontres, sera la diffusion du documentaire de SBC, réalisé par Myrose Hoareau et son équipe.

http://nation.sc/article.html?id=251570